Article issu de la Gazette du Haut de Crécic n°8Le manga est une bande dessinée. Le terme désigne à la fois la création et son support (périodique, album etc.).
Malgré une mauvaise réputation tenace et de fréquentes associations à la violence ou à l’érotisme, la popularité des manga n’a fait que croître en Europe. Au Japon, le manga est un produit de consommation de masse, ce qui inclue qu’on le consomme et qu’on le jette ! Un peu comme on fait avec le journal chez nous. C’est un véritable phénomène de société. Il y en a pour tous les goûts : pour les garçons - Shônen : manga de science-fiction, futuriste - comme pour les filles - Shôjô : manga à l’eau de rose, d’amour -, pour tous les âges et dans une grande variété de genres (romanesque, sciece-fiction, western, policier, sport etc.). Le manga s’adresse à toutes les couches de la population.
Les mangas qui se vendent bien sont adaptés en films ou séries animées appelés "Animes". Les dessins y sont très souvent soignés, avec beaucoup de détails. Les personnages sont expressifs, les yeux à eux seuls peuvent faire passer n’importe quel sentiment. Les mangaka (dessinateurs des manga) travaillent avant tout les yeux car c’est la base la plus importante d’un personnage de manga.
II.1.b) Le mangakâ :(extrait du site:
http://membres.multimania.fr/docmanga/dossier/ChapitreII.html) Il est très dur d'entrer dans le monde fermé des dessinateurs de manga. Les jeunes japonais qui souhaitent se diriger vers cette direction n'ont que deux filières possibles. La première, fort coûteuse, est de s'inscrire dans une des rares écoles spécialisées. Celles-ci sont souvent tenues par d'anciens mangakâ et offrent surtout une assistance technique aux jeunes dessinateurs. L'autre possibilité, pour ceux qui ont le don mais pas les moyens, est de se faire remarquer au Comiknet*. Il y en a quatre par an. Ce sont plus ou moins des foires ( ou des forums ) pour les amateurs. Les jeunes mangakâ y arrivent parfois avec 200 photocopies de leurs œuvres pour les exposer.
Monsieur Masakazu Katsura, auteur de Vidéo Girl Aï.
De grands noms du manga actuel se sont fait connaître aux maisons d'édition de cette manière ( ex.: Clamp avec Tokyo Babylon, X, et RG Veda ). Mais ce moyen est peu sûr, puisque énormément de jeunes s'y rendent avec leurs dessins. Seule une centaine de dessinateurs entrent dans le milieu professionnel chaque année. C'est très peu face aux 300.000 demandeurs d'emplois dans ce secteur. On estime au alentour de 3000 le nombre de dessinateurs professionnels qui travaillent actuellement au Japon. Les jeunes dessinateurs débutent souvent dans les studios de mangakâ connus comme assistants.
On dénombre parmi les assistants qui devinrent célèbres des noms comme Buichi Terasawa ( Cobra ) ou Akira Toriyama ( Dragon Ball ). Ils furent tous deux des assistants du grand Osamu Tesuka. Ces assistants touchent un salaire de 3000 à 7000 yens la page, tandis qu'un dessinateur confirmé gagne 30.000 yens ( 9000 Bef ) la page. C'est très peu par rapport aux dessinateurs européens, mais les Japonais compensent ce déficit par la quantité de planches produites ( jusqu'à quinze par semaine ). Ils perçoivent également jusqu'à 10% des recettes des albums vendus et autres goodies*. En réalité, une fois qu'un mangakâ a percé dans son domaine, il peut se contenter de vivre des bénéfices de son œuvre.
Katsuhiro Otomo, par exemple, après avoir publié Akira, n'a plus fait aucun produit d'importance. Il a seulement signé deux scénarios et a réalisé deux films d'animation assez personnels ( Robot Carnival et Memories). Mais il existe une autre différence très marquante entre le dessinateur européen et le mangakâ japonais. La mentalité de consommation que règne en maître au Japon a des conséquences étranges sur le travail du mangakâ. Celui-ci n'est pas libre de faire ce qu'il veut. La plupart des dessinateurs ont un directeur de production dans leur maison d'édition. Celui-ci a pour rôle d'accepter ou de refuser les planches que lui envoie le dessinateur. Ainsi, monsieur Tanaka, dessinateur de Gon, est obligé de discuter des situations dans lesquelles il va placer son héros avec son directeur de production.
Ce manque de liberté dans les actes et les choix personnels peut sembler choquant à nous autres européens, mais ce genre de comportement est inscrit dans les mœurs japonaises. Cependant, il faut noter que certains magazines laissent à leurs auteurs une liberté totale en matière de scénarios. Ceux-ci sont la plupart du temps déficitaires et sans quelques mécènes, ils ne survivraient pas. Les Japonais sont très influencés par les modes et les phénomènes de masse. Si un produit ne subit pas un merchandising élevé ( commercialisation de divers gadgets, ceci soutenu par une intense campagne de publicité ), personne ne l'achètera. On comprend alors que les maisons d'éditions soient très strictes sur les manga qu'elles publient, et qu'elles ne publient que ce que le public attend. Elles ne veulent, à juste titre, courir aucun risques.
Accueil 