Le manga commence à apparaître avec l'après-guerre. Il faut voir la situation à cette époque : le Japon a perdu la guerre et a été traumatisé par le lâcher des deux bombes atomiques américaines sur Hiroshima et Nagazaki. Qui plus est, tout comme les alliés européens occupent l'Allemagne et l'Autriche, le Japon est placé sous tutelle américaine et les Japonais supportent mal la présence américaine chez eux. Ils ont perdu leur honneur et leur identité, et se trouvent noyés de produits américains chargés de culture américaine. A cette époque, la réalité est devenue trop dure, et les Japonais ne désirent qu'une chose : oublier leur condition actuelle. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que le manga soit devenu un phénomène dès son apparition. On ne sait pas réellement comment le manga est apparu, mais on sait à peu près quand : au début des années 50. Comme dans tout nouveau domaine artistique, le manga a connu un homme, qui y a à jamais marqué son empreinte : Osamu Tezuka. Evidemment, on reconnaît aujourd'hui l'intérêt de ceux qui l'ont précédé, mais il est vrai que son influence fut telle qu'on peut dire qu'il y a eu un avant et un après Tezuka. Tezuka a révolutionné le manga en y introduisant un contenu particulièrement fort dans un dessin assez enfantin. Fasciné par les dessins animés de Walt Disney d'avant-guerre, son dessin en est très inspiré, notamment avec des personnages dont les yeux font la moitié de la tête et semblent comme peints, façon de dessiner qui est quasiment une constante du manga d'aujourd'hui. La seule manière que les studios Disney semblent avoir trouvé pour remercier Tezuka de son intérêt a été de copier sans vergogne une de ses oeuvres phares : Le roi Léo pour en faire le roi Lion, dessin animé qui a quand même relancé les studios Disney qui s'étaient un peu essoufflés, sans jamais reconnaître la paternité de cette oeuvre. L'autre oeuvre phare de Tezuka : Astroboy (Astro, le petit robot) a eu un tel succès qu'elle a été adaptée deux fois en anime : une fois dans les années 60 et en noir et blanc et une fois à la fin des années 70 et en couleurs (c'est cette série que nous avons vu en France au milieu des années 80). Il faut dire qu'en période de pleine guerre froide, où l'on pensait que l'homme aurait colonisé le système solaire avant la fin du siècle, l'histoire d'un petit robot à forme humaine, crée par un savant devenu fou quand son fils est mort, renversé par une voiture, et dont le coeur est un petit réacteur nucléaire ne pouvait qu'avoir un immense succès. D'autant que dans ses mangas, Tezuka aborde des sujets très forts et qui ne prendront toute leur dimension que bien plus tard, comme l'écologie et la menace de la pollution, le nucléaire et ses dangers ainsi que l'horreur de la guerre.